Bravoart

Bravoart

À travers 40 ans de photographie, Jules Villemaire a vraiment été, comme cela a été dit souvent, un observateur privilégié de la scène culturelle et de la vie communautaire de l'Ontario français. Aspiré par le tourbillon culturel qui entraîne sa génération, Jules se glisse dans les coulisses de la création artistique et devient aussi, pendant près de deux décennies, le principal témoin photographique, « l’œil de l’Ontario français ». Il fait corps avec son appareil photo pour révéler, dans la capture de brefs instants, l’émotion qui est à dire, le plaisir discret ou la douleur enfouie. Ses études l’amènent d’emblée à s’intéresser à une forme de reportage social, dans les traces de deux grands noms dont il cite volontiers l’inspiration, Diane Arbus et Cartier-Bresson.

L’une de ses premières expositions, sur Le travailleur forestier du Nord de l’Ontario, illustre bien cet intérêt. Il inspirera par la suite d’autres recherches du même type, avec Les oubliés / No names (1998), une série de portraits en studio de personnages sans-abri. Également, cette période l’amène à produire trois expositions de portraits de femmes, Passé/Futur en 1983, Un moment particulier en 1985 et ….De  connivence (2002), une très belle exposition juxtaposant deux portraits de femmes. Une génération en scène, publiée aux Éditions Prise de Parole (1992), témoigne de cet engagement. Jules Villemaire s’affirme comme l’observateur privilégié, à la fois membre et spectateur, des manifestations artistiques – théâtrales et musicales notamment - qui marquent toute cette époque.

La venue du numérique transforme alors son rapport à l’image, sans changer toutefois ses thèmes de prédilection. Lui ouvrant la porte à toutes formes de montage, cette nouvelle technique le conduit à extrapoler dans des formes de plus en plus ambitieuses (photos géantes, fresques) les sujets de ses expositions antérieures. Ainsi naît l’exposition Corps à corps (2001) puis, dans sa foulée, plusieurs montages réalisés pour l’exposition Art-en-Bourget (2001-2005), enfin une installation-performance, J’interpelle (2009), réalisant une performance au sein d’un montage photographique.

Marc Haentjens